Toxic by Rachel van Dyken

Auteur:Rachel van Dyken [Dyken, Rachel van]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance contemporaine
Éditeur: Milady

Chapitre 26

SAYLOR

Il y a deux étapes dans la vie : la vie et la mort. C’est tout. Ce que l’on fait entre les deux… eh bien, c’est notre affaire, non ? – Wes M.

Derrière moi, Gabe s’immobilisa totalement. Le seul indice qui me permettait de deviner sa présence, c’était la vague de chaleur qui déferlait dans mon dos aux endroits où son corps touchait le mien. Au niveau de ses mains aussi, car elles semblaient fusionner avec les miennes ; sa chaleur me pénétrait. À tout instant je m’attendais à ce qu’il s’écarte, qu’il renfile son premier masque ou bien le deuxième. Au lieu de quoi, il me retourna les mains, y entremêla ses doigts et lâcha un long soupir, très lent. Les secondes s’égrenèrent, qui auraient tout aussi bien pu être des années. À chaque souffle qu’il relâchait, mon cœur manquait un battement. Je voulais plus de contact, plus de tout. Mon dos picotait là où son ventre se pressait contre moi. J’étais à l’intérieur d’un cocon nommé Gabe.

Et j’adorais ça.

Jusqu’à ce que les premières notes de musique s’élèvent.

Avec une légère pression, il reposa mes mains sur le clavier, sans se presser, et sans effort, il les fit danser sur les touches.

Il jouait à travers moi, usant de mon corps comme d’un instrument pour transmettre l’histoire de sa vie. À chaque pression sur la pointe de mes doigts, à chaque mouvement vers une autre zone du clavier, je ressentais plus profondément la tristesse de la chanson. Les notes devinrent des mèches de souffrance flottant dans l’air, qui tour à tour envahissaient mon corps et l’enserraient au point qu’il devenait douloureux de respirer.

Il bougeait de plus en plus vite, mes mains avaient du mal à suivre sa cadence. Je reculai, mais il continua sa mélopée, avec une telle impatience qu’on l’aurait cru en train de hurler, mais à travers la musique. Incapable de transcrire les émotions autrement.

Après avoir joué les derniers accords, il leva les mains, avant de les rabattre sur les touches, provoquant une détonation de notes chaotiques.

Sa respiration était saccadée, irrégulière, et il s’appuyait lourdement contre mon dos, le menton posé sur mon crâne.

— Je ne peux pas, murmura-t-il d’une voix brisée.

— Tu t’en sortais pourtant très bien.

— Ça revient à prendre le volant quand on a des tendances suicidaires. Tu accélères, tu accélères, tu as besoin d’adrénaline pour te garder en vie, et puis, soudain, tu tournes le volant et tout devient noir. Les notes, elles montent de plus en plus haut, et pile au moment où j’ai l’impression de pouvoir changer la fin… je panique. Certaines choses…

Avec un soupir, il s’écarta.

— Certaines choses doivent rester dans le chaos.

— Tu es sûr de ça ?

— Absolument.

Il revint s’asseoir sur le banc.

— Si la vie était parfaite, comment voudrais-tu que l’on apprenne à dépendre d’une autre personne que soi ? Si la vie m’a appris une chose, c’est celle-là. Notre besoin de perfection naît justement de la croyance que nous sommes en mesure de l’atteindre. L’autoréalisation, ça n’existe pas.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.